La critique des pratiques artistiques (littérature, cinéma, peinture… architecture) a-t-elle vécu, est-elle dévoyée ou se prépare-t-elle secrètement à jouer le rôle nouveau qui manque à notre époque ? Après le thème du temps, abordé en 2006, le deuxième colloque pierre-riboulet se propose de confronter l’architecture et la société dans laquelle elle œuvre autour de ce nouveau sujet. Où en est la critique aujourd’hui, et où en sommes-nous, créateurs comme usagers, de nos rapports avec elle ? Quelle fonction remplit-elle (repérage, distinction, jugement), ou ne remplit-elle plus ? Doit-elle être laissée aux experts, confiée aux seuls journalistes, déléguée aux amateurs éclairés, réservée aux créateurs ou laissée en libre accès ? Doit-elle se réfugier dans la théorie, dans l’Histoire ? Quels rapports doit-elle entretenir avec l’innovation (trop lointaine elle la rate, trop proche elle la courtise) ?
Notre envie de réflexion est née du constat de malaise largement partagé par les créateurs et les “usagers” de la création, acteurs du monde de l’architecture comme des autres disciplines, à l’égard de la critique : comment penser la complexité grandissante du monde, et la difficulté concomitante à y déceler ce qui, dans les villes mais aussi les livres, les films, partout où naît l’acte créateur, se joue, s’affronte, parade ou s’installe, s’il faut se résigner simultanément à une certaine vacance de la critique qui, toute occupée du jugement de valeur, paraît renoncer à situer, hiérarchiser, prévoir, parier, avoir déjà fait le deuil de son objet et de sa propre pérennité ? Pour n’être pas que tribut payé à la mode éphémère, comment la critique doit-elle se construire, et concilier l’indispensable impertinence avec le sérieux du travail de culture ?