De tous temps la question de l’orientation, la possibilité de définir la place occupée par les hommes sur la terre, mais aussi dans l’histoire, ou plus simplement dans l’espace, privé ou public, ont été déterminantes, ont produit quantité de biens précieux pour la connaissance (des relevés cadastraux du Moyen Âge à Google Earth, des multiples propositions de représentation de l’espace par la peinture à la matérialisation et l’occupation de l’espace par l’architecture et l’urbanisme).
Le phénomène que nous vivons actuellement sous le nom de « mondialisation » engendre un certain nombre de changements dans les modes de représentation de l’espace (mutation et uniformisation des repères induisant une paradoxale désorientation dès que ceux-ci viennent à se transformer, ou à manquer), partant dans les idées qu’on s’en fait et dans les usages qu’on en a.
Urbanisme et architecture se nichent au cœur de ces questions : peut-on aménager, construire sans s’inscrire dans la longue durée, sans proposer un sens, offrir une possibilité tangible de savoir où l’on est ? Ainsi, par exemple, implanter un axe de circulation ou un bâtiment sur le plan enfoui de la cité romaine depuis longtemps disparue n’est pas une tentation passéiste mais une volonté de situer le monde habité dans une continuité propre à tracer des chemins comme à éclairer l’avenir.